L’histoire pose une question de fond. Chaque été, Annemasse organise, dans le parc de la Fantasia, un festival de musique amplifiée tous les vendredis de juillet et d’août.
Le niveau sonore est intense et cause des nuisances insupportables au voisinage, qui n’a pas nécessairement envie — fenêtres closes — de participer à un programme imposé.
Tous les goûts sont dans la nature, mais la liberté de chacun s’arrête là où commence celle d’autrui : elle se perd lorsque le choix d’un tiers s’impose à lui.
Alors que les riverains subissent l’onde de choc de concerts acclamés par quelques centaines de fans de pop, la municipalité socialo-progressiste dresse le bouclier de l’« intérêt général » pour défendre son choix culturel. Elle érige sa culture des décibels en seule valeur acceptable, et quiconque s’y oppose est aussitôt rangé dans la catégorie des réactionnaires, jugés pour leur égoïsme face au bien-être de la foule de ses affidés.
Quoique l’on observe qu’aucun élu ne revendique la qualité de riverain enthousiaste et que les principaux décideurs n’habitent pas le périmètre concerné, il est permis de s’interroger sur la réalité du conflit entre « intérêt général » et aspiration légitime à la tranquillité.
En vérité, l’alternative est mal posée. Il ne s’agit pas d’opposer l’intérêt général à de « vilains particuliers », mais de concilier un objectif culturel (si on accepte l’idée qu’il y a ici de la culture) avec le droit des habitants à la tranquillité. À défaut d’horaires adaptés, de niveaux compatibles, d’une orientation des enceintes et de contrôles effectifs, l’événement ne sert pas l’intérêt général : il privilégie un public, celui des électeurs de la municipalité, ses copains, ses soutiens, au détriment du voisinage.
La démocratie n’est pas l’écrasement d’une minorité par une majorité de circonstance, mais le respect du droit et de la liberté de chacun. Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse.